La CFTC était reçue à Matignon ce jeudi (le 2/09). À cette occasion, Cyril Chabanier a pu exposer à Jean Castex sa vison des grands enjeux sociaux de cette rentrée et des huit mois à venir.
Cette rentrée fait la part belle aux premiers bilans
économiques et sociaux de la crise. Elle se projette également sur la prochaine
élection présidentielle, métronome de la vie politique française. Si ce scrutin
ne doit pas être le prétexte à une précipitation du rythme des réformes, il ne
doit pas non plus anesthésier le dialogue social. Dans cet « entre deux », la
CFTC a fait
valoir ce qu’elle considère être les priorités du pays.
Concernant les retraites, la CFTC reste persuadée
qu’il faut réformer l’actuel système qui porte bon nombre d’injustices. Un
régime universel de retraite par points nous semble la meilleure voie pour
gommer ces inégalités. Quand la crise sera derrière nous, la CFTC participera à
toute concertation visant à préciser les modalités d’un tel régime. Elle est
prête, dès aujourd’hui, à
parler emploi des séniors, pénibilités ou inégalités femmes/hommes. Elle fuira,
en revanche, toute concertation relative à une quelconque mesure d’âge prise
isolément. Une telle approche ne ferait qu’accroître les inégalités actuelles
tout en compliquant plus encore la situation des séniors sur le marché du
travail.
Au sujet de l’assurance chômage, la CFTC a réitéré
auprès du Premier ministre son opposition au principe de la réforme. Sa mise en
application dès octobre est d’autant plus inacceptable que la crise sanitaire
n’a probablement et malheureusement pas produit toutes ses conséquences
économiques.
Alors que le gouvernement lance son « plan
d’investissement pour la France de 2030 » afin, entre autres, d’amorcer une
trajectoire de plein emploi, alors que l’actualité foisonne d’articles faisant
état de difficultés à recruter, toucher maintenant aux règles d’indemnisation
des demandeurs d’emploi ne fait pas sens. L’heure est davantage à rechercher la
meilleure adéquation
possible entre les besoins en compétences actuelles et futures, l’offre de
formation et autres dispositifs d’insertion ou de reconversion.
Dans cette logique, la CFTC insiste particulièrement
sur 3 leviers :
- CPF : parce qu’il fait l’objet
de dérives avec des formations trop peu professionnalisantes, la CFTC
défend un recentrage de ce dernier sur une logique de co-construction du parcours
(employeur/salarié accompagné par le conseiller en évolution
professionnelle) ;
- Transco : ce dispositif a
prouvé son utilité. Il souffre cependant d’un déficit de visibilité tant
du point de vue de son « marketing » que de son financement. Covid ou non,
il y aura toujours des métiers en tension, des métiers porteurs, des
entreprises en difficulté donc des salariés à reconvertir… La CFTC
revendique la pérennisation du financement de ce dispositif !
- Alternance : pour un contrat
unique (contrat d’apprentissage/contrat de professionnalisation). Les
spécificités de chaque contrat doivent demeurer mais les aides et
financements doivent être harmonisés pour mettre fin à la concurrence
entre contrats (+ 50·% pour l’apprentissage / – 48·% pour les contrats de
professionnalisation)
Parce que les 3 leviers précédemment cités sont autant
d’objets de dialogue social, la formation professionnelle doit urgemment
devenir un objet de négociation en entreprise. Clé majeure de la compétitivité,
donc de la stratégie d’entreprise, le plan de
développement des compétences doit être négocié en CSE pour mieux partager les
objectifs et les moyens.
Ces dispositifs de formation doivent s’articuler au
mieux avec le « plan d’investissement pour la France de 2030 ». Sur ce point,
la CFTC a défendu 3 catégories de priorités :
- les secteurs et métiers
d’avenir : on pense évidemment aux métiers liés aux transitions numériques
et écologiques ;
- les secteurs et métiers qui
garantissent la souveraineté de la France et/ou de l’Europe dans les
domaines aussi stratégiques que la santé, l’énergie, les télécoms ou
encore l’agroalimentaire ;
- une politique de grands travaux
à l’instar de ce que la France a connu après-guerre. Un aménagement
ambitieux et équilibré de nos territoires pour rendre ces derniers
attractifs !
Enfin, la CFTC a rappelé l’importance de prendre des
mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français. Augmentation du SMIC,
hausses des salaires, reconnaissances des « secondes lignes », négociations
dans l’entreprise (via les NAO), « primes macron » : tout doit être entrepris
pour mieux partager les richesses, doper la consommation des ménages et la
croissance par la
même occasion.
Les urgences et les chantiers ne manquent pas. Il
appartient aux responsables politiques comme syndicaux de rendre utile les 8
mois à venir !
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